Sarajevo est une ville aussi charmante que dramatique, qui laisse en général une forte impression sur ceux qui ont la chance ou la malchance d’y tomber. La première fois qu’elle y était allée, il y a quelques années, Agathe n’avait pas réussi à exprimer le sentiment qui l’avait alors pris. Une sorte d’immense fascination mêlée à une infinie tristesse. Voici quelques mots pour parler de cette ville, qui fascine Agathe un peu plus à mesure qu’elle la comprend.
Le charme de Sarajevo c’est de trouver sur les mêmes étagères des publications turques, iraniennes et des émirats, dans une bibliothèque financée par le Qatar,
Le drame de Sarajevo c’est de voir qu’un des seul morceaux de stabilité identitaire qu’il reste aux gens, leur religion, est prise à parti par des puissances étrangères à des fins politiques.
Le charme de Sarajevo c’est d’entendre des gens parler plusieurs langues en même temps et se comprendre, entre la langue du quotidien, la langue des séries, les langues des religions, les blagues concernant l’une ou l’autre culture qui ne peuvent être comprises que dans la langue originale,
Le drame de Sarajevo c’est de diviser, toujours diviser, les gens, les enfants, les programmes scolaires, littéralement au nom de la langue qu’ils déclarent parler.
Le charme de Sarajevo c’est de voir des grands, des petits, des gros, des maigres, des bruns, des blonds, des jambes nues, des hijabs, des locaux, des touristes de l’Ouest, de Turquie et du Moyen-Orient se croiser et se frôler dans les rues dans une tranquillité infinie,
Le drame de Sarajevo c’est de voir chacun se faire traiter d’une manière différente selon son appartenance et celle de celui à qui il s’adresse.
Le charme de Sarajevo c’est de voir des petites maisons en pierre, des gros immeubles cubiques, des palaces et des ruines parsemer ses rues,
Le drame de Sarajevo c’est de voir que la plupart de ces bâtiments sont vides, leurs habitants étant partis à l’étranger à la recherche d’une vie meilleure.
Le charme de Sarajevo c’est d’avoir 4 saisons en une semaine, des températures qui varient du simple au décuple en quelques heures, de la neige en septembre, du soleil en janvier, de la brume toute l’année,
Le drame de Sarajevo c’est de voir sa lumière unique se ternir à cause de la pollution éternelle de son air.
La Bosnie est une mère abusive qui maltraite tous ses enfants, mais elle est si belle, si belle, qu’on se prend parfois à essayer de lui pardonner.
Bisous mes poussins,
Agathe
Pour les curieux, voici quelques photos de cette ville

Le village olympique dans le quartier de Koševo

Papagajka, « le perroquet », performance architecturale. Les Sarajlija y sont très attachés. A côté, complètement à l’ombre de ce truc : une des synagogues de Sarajevo

« on a faim en 3 langues » (ici écrit en serbe), les trois langues officielles de Bosnie : le Serbe, le Croate et le Bosnien. (qui sont en fait 3 versions quasiment similaires d’une même langue.). Ces « 3 langues » servent de prétexte pour diviser le peuple notamment dans les écoles.)

« risque d’effondrement », des panneaux connus de tous, au vu du nombre de façades casse gueules

Vu du cimetière militaire un jour de neige (d’avril).

Une poubelle sur laquelle il est écrit « pour que ma Sarajevo soit propre et belle »

Différentes confession, mais essence commune. Ces panneaux annoncent le décès de quelqu’un. En vert pour les musulmans, en noir pour les chrétiens. Et plus rare : une étoile rouge pour les communistes.

Parce que Sarajevo c’est la plus belle.

J’aime bien cette fontaine et ce jour là y’avait du soleil…

Un jour de gris, une vue du centre

Les chiens, compagnons d’armes et ennemis des Sarajlija, entrain de dorer sous un soleil d’hiver

Sarajevo est un musée à ciel ouvert des moyens de transport. Offerts de Turquie, du Japon, de Suisse ou encore d’Autriche, chaque voyage est un Voyage.