50 bonnes raisons de lire cet article ou pourquoi vous devriez lire ce qui suit

On dormait dans l’amphi, quelqu’un est entré en criant « Ils arrivent ! »

Ahahah

Je vous y prends !

Vous voulez savoir la suite !

Brenda, en tant qu’oie adepte du suspens aérien (deux ailes ça aide), ne vous révélera pas la fin de…

Non ceci n’est pas un extrait du scénario de la dernière série en vogue programmée récemment à Sériemania (Lille), mais un article, ce qu’il y a de tout à fait sérieux, publié sur une de nos chaînes de radio nationale toussatoussa (Franceinter pour les intimes).

En tant qu’oie sauvage, Brenda regarde pas trop les médias. Elle est pas très branchée quoi. Sauf quand elle doit s’en servir pour enseigner sa belle langue à des piafs étrangers (désolé Edith). Et là, elle a remarqué quelques trucs. Premier truc : se sent-elle plus informée ? Non. Et pourtant, dans la longue liste des canards, elle lit : Le Monde Diplomatique et Courrier International pour faire style qu’elle comprend les enjeux planétaires, un peu de Télérama et des Inrocks pour la confiture, Le Monde, Libération et Philosophie magazine parfois, Rue89 juste pour les titres pasqu’ils sont déjà des articles à eux tous seuls, Sciences et Avenir pour connaître les actualités des dinosaures, Ca m’intéresse pasque ça l’intéresse (presque) ; des trucs un peu moins connus comme Néon, Causette et Elephant quand elle tombe dessus, ou même… Glamour. (Et Biba). (une œuvre universelle : quel que soit le numéro que vous prenez, les sujets sont toujours d’actualité – voyez-vous même -> « faire l’amour dans une autre pièce que la chambre rendrait plus satisfait »).

Ça lui donne une image globale/intéressante/variée/curieuse/uniforme (choisir l’adjectif adéquat) de notre Hexagone. Quant à l’info ? Bof quoi ? Déjà oublié !

Après avoir écumé tout ça, Brenda est toutefois carrément moins en suspens et plutôt type « plomb dans l’aile ». Comme dit Tryo, « dans tout ça, toi et moi, on n’apparait pas ». Pérec le disait déjà en 1973 ; à croire qu’il aurait dû être classé dans des ouvrages de science-fiction (cf. « Approches de quoi », 1973, in L’Infra-ordinaire).

Mais en fait si ! Nous z’y sommes, derrière ces lignes ! Il suffisait de ne lire que les titres pour savoir ce qui nous touche toi et moi ; pour savoir de quelles plumes nous sommes faits. Révélations.

Petite oie-nalyse du poulailler en tr’oie points : on prend la poule (euh le pouls)

« Un bon titre, c’est un titre qui donne envie d’aller plus loin. Pour que cela fonctionne, il faut qu’il attire l’attention du lecteur et suscite son intérêt. Et ça passe généralement par les émotions. Un titre qui éveille la curiosité, fait rire, agace ou dérange sera toujours plus cliqué qu’un titre qui laisse indifférent ! », nous instruit un blog instructif.

1) Des chiffres : du concret, du réel, du palpable

Et oui, les titres sont tous simplement révélateurs puisqu’ils sont là pour attirer le chaland et œuvrer dans ses désirs les plus tortueux.

Pour cela, premier constat, il vous faut…des chiffres. Les chiffres ont la côte en notre temps ; longue vie aux statistichiens ! Ouaf. Bref : « Bande-dessinée : les 7 Bd qu’il ne fallait pas rater en mai », martèle (sept fois) France Inter. « Top 7 des meilleures séries françaises » renchérit Topito, tel un arithmancien ésotérique. « Les 7 signes qui prouvent que votre relation amoureuse avance trop rapidement » cerise le Huff’post sur le gâteau. (Mais pourquoi sept, se demande-t-on avec raison. Ou autre chose). Du côté Biba, c’est un peu moins ambitieux : « Collants : 5 techniques pour ne plus les filer » ou « 4 astuces pour optimiser l’application de mascara ». Seulement quatre ? Merde, je lis pas. Et puis, carrément très ambitieux : « Nos 50 tactiques pour passer moins de temps devant les écrans » (Rue 89). Blam. Prend-ça dans ta face. (Suggestion de lecteur : ne pas lire Rue 89 ?)

En gros, un retour aux 10 commandements : c’est simple, clair, net, précis, lumineux dirais-je même plus. Le piaf moyen veut savoir où il va, cette indécision de la vie, c’est ben désagréable : pourquoi se dire pourquoi quand on peut suivre à la lettre quelques recommandations ? Franchement.

Parce que…

2) Et pourquoi-ci et pourquoi-ça

Parce que le volatile ne fait pas que cancaner des numéros dans un ordre logico-mathématique, il questionne aussi tel un oisillon tombé du nid. Le piaf a s’oie’f de vérité !

Parmi d’autres techniques, on remarque en effet une forte tendance à la questions-explications où le canard t’expose les pourquoi du comment au cas où tu aurais eu des doutes. Petite liste :

– « Pourquoi vous ne deviendrez jamais chinois » (au cas où vous auriez pensé parler la langue de Gao Xingjian) ;

– « Pourquoi l’Europe est bonne pour l’Italie » (pour l’exportation de pizza ?) ;

– « Pourquoi Pokémon Go est-il soudainement devenu un jeu de vieux » (ah, l’éternelle jeunesse, ce rocher sisyphien !) ;

– « Pourquoi Occurrence a compté plus de manifestants que la police » (autre sujet universel) ;

– « pourquoi les chips de légumes ne font pas moins grossir que les autres » (parce que c’est des chips crétin !) (pardon) (Brenda n’aime pas qu’on lui graisse la papatte !),

– « Pourquoi la fermeture d’une usine est souvent un drame » (euh, laisse-moi réfléchir là…).

Bon avouons, certains restent un peu plus intrigants que d’autres : « pourquoi Macron organisait deux diners par soir quand il était ministre de l’économie »… Et parfois, oh magie, rivalisation d‘originalité, la formulation change (mais le fond reste – désespérément – le même) : « Instagram : on pourra bientôt savoir si on passe trop de temps sur le réseau ou non ». La curiosité est un vilain défaut, dirait notre grand-mère.

3) Vendez-nous du rêve (parce que les chiffres c’est bien, mais le rêve c’est quand même mieux)

Enfin, la tendance du moment : les titres qui vous mettent le rêve à la bouche ; moteur à énergie renouvelable d’une routine quotidienne engluée telles des plumes d’oie dans la dernière marée noire dont on parle même plus pasque c’est devenu banal : « elle décroche un job en or… » (France Inter), « prof cherche pacs blanc pour mutation » (Rue 89), et cetera et cetera. Ces titres se balancent à notre nez alors que coincés entre deux aisselles dans le métro ou assis sur notre chaise de bureau top méga confort, on pense déjà à notre week-end ; des titres qui clignotent comme de grosses pancartes lumineuses jour et nuit (surtout la nuit) : « this society sucks ! Let me out of here !» (en anglais, pasque ça « allège les mots énormes » comme dirait le narrateur de Réparer les vivants et pi pasque ça fait cool, voir ci-dessous), et nous voilà donc en train de les lire, espérant y trouver une bouchée d’inspiration.

Car oui, le sujet qui revient chaque année ces derniers temps (parmi tant d’autres, vous l’aurez compris, l’Histoire n’est qu’éternel recommencement) n’est pas moins que le taux de bonheur par pays. Récurremment les journalistes français constatent que les français sont pas heureux ; ou pas vraiment, un peu quand même mais globalement non ; le tout à l’aide de divers graphiques et statistiques tout à faits criants de vérité. Petit Tour d’Europe Centrale à ce sujet : si vous demandez l’avis des Tchèques, ils vous diront : quoi ? mais non, les Tchèques sont bien plus pessimistes et malheureux ; le tout à coup d’humour noir bien sombre. Z’avez qu’à lire Bohumil Hrabal pour le constater. Si vous demandez l’avis des Hongrois, ils vous diront : quoi ? Mais non, les Hongrois ne sont jamais satisfaits, ils se plaignent tout le temps, rapport à ce traumatisme du Trianon il y a quelques années (une petite centaine). Z’avez qu’à lire un bouquin d’histoire, vous verrez. Si vous demandez aux Polonais : Quoi ? Mais n’importe quoi ! Les Polonais sont les plus malheureux du monde. La preuve : leur littérature parle que de tragédies de l’histoire, etc etc. Bon, mais qui croire ? Est-ce la course au bonheur ou bien au malheur ? En reste une conclusion simple et facile, ce qu’on veut tous c’est : consolez-nous, nous sommes malheureux ! (mais qui ?)

Caca d’oie : on brise la trinité et on fait un quatrième point (désolé Dieu et tes numérologues)

Particulièrement sensible à la langue employée, Brenda fait également de nombreuses découvertes linguistiques. Bien sûr, les découvertes varient selon le journal consulté. La plus récente en date est qu’elle ne lit plus les journaux ou magazines pour les comprendre mais pour leur valeur poétique.

Petit extrait : « ce burger healthy vous comblera avec son bun aux beans » ici-même, une allitération en [b] ; « Vous regardez ces stories en scrèd’ ? Vous faîtes de l’orbiting et on vous dit pourquoi » là une allitération en [s] ; « sa crew est underground, son flow tout en lo-fi yolo papillo » et là encore, belle assonance en [o]. (ouai bon, le dernier est un peu transformé. Touptipeu).

On y découvre aussi un certain nombre de fautes d’orthographes même sur des sites forts respectés comme…France Inter (vous l’aurez compris, c’est ZE canard par excellence). Ah le pluralisme linguistique tant rêvé de notre jar président : on parle deux langues ou plus mais on n’en maîtrise aucune ! (ba, c’est pas comme ça qui font les canadiens ?)

Enfin bref, pour finir et conclure sur ces profondes réflexions, Brenda vous offre donc la revue de presse de ce mois dernier (ou semaine) (on a beau dire, l’info tourne nouvellement en rond) (et rond et rond petipatapon)

PS : et encore, nous n’avons pas parlé de la fake niouze et la déform’niouze. M’enfin puisque le vrai n’est que matières à perceptions, mieux vaut ne pas trop s’en faire.

Voir la France par les z’yeux d’la presse :

Politique

Grève des fonctionnaires : des manifestations dans toute la France ! (France Info) (et quelques autres)

Transport

Airfrance : les syndicats font planer la menace d’une nouvelle grève (Le Figaro)

Culture

En guerre : le film aquitain au cœur des mouvements de grève (France Info)

Economie

Grève à Air France : ces chiffres qui plombent la société aérienne (RTL)

Bouffe

Grève SNCF : la filière céréalière sous tension (France soir)

Société

La grève prive des collégiens de Rambouillet de voyage scolaire (L’Echo Républicain)

Philosophie

Une grève de la faim ou une fin de la grève ?

Météo

Alerte neige ! Alerte orage ! Alerte pluie ! (MétéoFrance)

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