« Ok, pense à un métier, sans nous le dire et ensuite en disant les qualités nécessaires à ce métier, on doit deviner de quoi tu parles ».
L’élève désigné : « ok »
« Tu as une idée ? »
« Oui oui. »
« Alors vas-y, c’est parti. »
« Alors…menteur. Hypocrite… »
Un autre : « ah politicien !! »
(8 mai 2017)
On est à Paszto, petite ville de campagne non loin de Budapest, dans les locaux de la section bilingue du lycée qui furent un jour ceux du QG communiste ; en témoignent encore quelques chaises et autre mobilier « fonctionnel ».
C’est où ça Budapest ? Ceux qui connaissent le Sziget Festival vous diront tout de suite : HONGRIE ! C’est que l’on connait parfois peu ses voisins…
Bref, Brenda la Goose a eu le vent dans les plumes et s’est posée pour quelques temps dans ce pays où les oies ne sont pas forcément bienvenues : bé oui, la Hongrie arrive juste derrière la France pour l’exportation du foie gras !

Foie (hongr)oie [courtoisie: hungarikumbolt.info]

hongr’oie’z [courtoisie: Csepel.info]
En parlant import-export, ce n’est pas la seule menace qui l’entoure : contrairement à Agathe perdue sur son île sarajievienne, la politique européenne, c’est tous les jours qu’elle y fait face, voire se la prend dans la face !
A l’arrivée, on lui brandit le Trianon, dont les accords réduisant la Hongrie à une mini escalope de poulet (panée) (ou ràntott csirke) sur la carte européenne eurent lieu en…1920.
Quatre-vingt-dix-sept ans plus tard, on renforce les frontières de l’escalope pour maintenir son identité contre les dangers extérieurs d’une sauce étrangère ; mouvement naturel des choses.

La Hongrie [courtoisie: boon.hu]
En ce moment même, vous pourrez ainsi admirer de joyeux posters collés par le gouvernement en place pour égayer les murs du quotidien des Hongrois. Dans le métro, l’œuvre est grandiose ! On alterne entre les autocollants à gagner de Spar (prononcer « Ch’pars », qui a remplacé les supermarchés d’Etat) et les « Stop à Bruxelles ! » ou « on vous vole votre travail ». Après ce matraquage artistique, le gouvernement enverra un questionnaire pour récolter de manière tout à fait démocratique l’opinion de ses citoyens. Question-type : « Vous pensez que les mesures européennes sur l’immigration sont a. mauvaises b. très mauvaises c. très beaucoup mauvaises »…

grandiose!
Après tout, c’est pas si différent de ce qu’on entend ailleurs, me direz-vous…Et puis ils n’avaient qu’à pas choisir un dictateur comme président, ces Hongrois !
Voyons, n’allons pas jusqu’à nous mentir à nous-mêmes : on sait tous, après avoir observé comment fonctionnent les élections américaines puis les élections françaises, que ce choix apparent…n’est qu’apparent. Oui, la Hongrie est une gentille dictature. Une démocratie contemporaine quoi.
Pas étonnant que les jeunes Hongrois aient donc peu de foi en la politique ?

Contre-attaque du parti du « chien à deux queues » (ketfarku kutya part) , « faux parti » aimant ridiculiser les élites politiques par l’art graphique
Eux, ils viennent juste d’être en âge de voter et débarquent dans la vie avec un grand V – comme dirait le Hongrois – avec sur Internet, les campagnes américaines puis françaises aux élections. Le vote, et aussi les manifestations. Et puis des images, encore des images ; des partages sur Facebook, des « j’aime » ou des ☹. Ils ne savent pas trop comment ça marche, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils en ont déjà marre de la politique, avant même de l’avoir exercé.
Et Brenda n’a elle-même pas grand souvenir de ses cours d’éducation civique mais elle se dit que ça serait une bonne idée de les rendre intéressants et mémorables.
Moralité : voter c’est bien; changer notre façon de voir la politique, c’est mieux.
Nota béné : Brenda a quand même pris son bus préféré – c’est-à-dire à l’air surchauffé et empli du meilleur de la pop américaine, comme tout bon bus hongrois qui se respecte – pour se rendre au bureau de vote, ouioui !).
Brenda est bien courageuse : 4 heures aller-retour pour aller voter, il faut être motivé, pas forcément par les choix proposés, mais par le fait que donner son avis, c’est encore une chance que de nombreux pays ne proposent pas (ou plus)
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