Deux Oies dans la nuit

Il y’a quelques temps, Marie-Cunégonde, toujours à la recherche d’une connerie à faire pour meubler ses weekends, tombait sur une espèce de randonnée.

Pas n’importe quelle randonnée non plus.

Celle là part de la maison.

A minuit.

Un samedi soir.

De janvier.

Durée ? Oh, 10-11h, 54 petits km.

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Fig1. Comment occuper ses samedis soirs

Ni une ni deux, Marie-Cu contacte Brenda (qui est encore à l’autre bout du monde mais ça n’arrête pas une Oie). Ben oui, Brenda marchotte à ses heures perdues !

Réponse de Brenda « OH OUI j’en peux plus du soleil et de la chaleur compte sur moi j’arrive !! ».
(ndlr: et parce qu’à plus que deux c’est encore mieux, on était accompagnées de quelques rugby-women (« pluie, froid, boue, effort long et un peu con ?! YES ! »*), et d’un peu de famille)

Bref, le fameux samedi-soir-de-janvier-à-minuit, après 12 heures de vol et autant de décalage horaire pour Brenda, et une bonne platrée de gnocchis pour les autres (on ne parle pas assez de bouffe sur ce blog qu’on se le dise), c’est ti-par.

Pour se mettre dans l’ambiance, il fait environ 2°C, il pleut, il y’a du vent, tout le monde a déjà envie de faire pipi, mais bon y’a des frontales et des gilets jaunes alors c’est fun.

Bref. Donc, on est aux pieds de ce bon vieux Louis, et d’un coup, hop, c’est parti !

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Fig2: La fine équipe, les frontales, et les pieds de Louis (et un cadreur fatigué)

Ville, route, puis chemins, boue, plein de nuit, un chemin de frontale devant, derrière, autour de nous. Plein de gens. Un arbre qui arrive à point nommé (en randonnée, on fait pipi dans les fourrés). Les premiers km défilent.

km12 – 2h30 du mat:

D’un coup, le premier ravitaillement apparait. Petit point intégrité physique: tout le monde est là, avec en gros ses deux jambes et son moral. Très bien. Un petit café et c’est reparti, chacun à son rythme, on se donnera des nouvelles au fur et à mesure.

Toujours les frontales partout (et encore un petit arbre pour la route). Derrière nous, ça chante. Devant nous, ça chante. On avance à travers la forêt.

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Fig3. Des fontales partout. On vous laisse faire l’ambiance musicale.

Il commence à pleuvoir. Puis il pleut franchement (en même temps bon, janvier, Yvelines, les dieux des statistiques étaient pas exactement de notre côté). On ouvre des mars / bounty / snickers (choisis ta drogue). La tisane se révèle être plutôt une très bonne idée.

Les frontales se clairsèment un peu. Ça chante de moins en moins. La route est plate. Et droite. Et plate. Et droite. Et plate. Et droite. Et plate. Et droite. Et glamour, vu qu’on longe des usines et des machins militaires et des lignes à haute-tension (d’un coup tu comprends pourquoi le truc est de nuit). Et y’a peu d’arbres, aussi (là qu’on est dans le glamour – c’est que la tisane c’est sympa m’enfin bon bref).

km27 – 5h du mat:

Et d’un coup, au détour d’une longue ligne droite (et plate)(et sous la pluie), PAN ! le hangar de Monsieur Gaillard ! Certes ça sonne comme un mauvais téléfilm, mais personne ne nous a kidnappé ni rien de glauque – si tant est que 1000 marcheurs un peu cadavériques vers 6h du mat sous « les demons de minuiiiiiit » ne soit pas qualifié de glauque quoi – c’est même plutôt sympa comme endroit, pour preuve y’a à manger. De la soupe et du café. Avec des croûtons, la soupe.

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Fig4. Et y’a des toilettes. Avec des portes. Et les Doors dans les hauts-parleurs. Grand luxe.

Et hop, on repart. Le redémarrage est un peu compliquée. Il fait froid. Il pleut. La route est plate et droite (ou droite et plate je sais plus trop à ce stade). Puis elle tourne. Puis on avance pas. Puis il arrive quand le jour. Puis ça monte c’est trop duuuur pour moi. Puis il pleut. Puis y’a des voitures en plus. Et il fait froid. Puis y’a de moins en moins de frontale autour de nous, le bus des abandons nous double, il a l’air d’y faire chaud (même si c’est écrit en gros dessus « BUS DES ABANDONS POUR LES FAIBLES ET LES GEIGNARDS »)(on extrapole peut-être un peu). Plus personne ne chante.

Puis d’un coup, la descente sur Maule. Ben oui, en fait, c’est pas tout plat.

km30 – 6h du mat: Maule

On arrive en bas, les genoux accusent un peu le coup, la gare nous nargue avec ses transiliens direct pour la maison. Mais on est plus forts que ça et on continue. Il fait toujours nuit.

Alors on continue de marcher.  Léger regain d’énergie. Le bus des abandons fait des allers-retours sur la route. Le jour n’est pas loin mais il n’est pas là non plus (le fourbe). Les jambes commencent à ne pas trop comprendre ce qu’il se passe – pourquoi on n’est pas dans un lit là ?! On arrive à un bled.

km34 – 7h20: Andelu

On croise quelques personnes. Y’a clairement pas foule. Plusieurs attendent un bus ou une navette. Ou râlent. On nous vend un ravitaillement sauvage au prochain village. Très bien. Donc, on avance. Et puis à force le jour va bien finir par se lever, on l’attend un peu comme le messie, le jour, la lumière, ZE SUN là un peu !

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Fig5: « Il est arrivéééé, sur son grand cheval et euh ». Bref. Un lever de soleil en janvier en île de France. 

Le village d’après n’arrive pas. On a beau mettre un pied devant l’autre il n’arrive pas. Il n’est même pas là, au loin. Le jour lui arrive un peu. Pas franchement le soleil éclatant qui réchaufferait nos âmes et nos membres endoloris. Non, il bruine. Et puis le jour amène avec lui un truc qu’on n’avait pas anticipé: il faut maintenant vachement plus d’arbres pour se planquer. Maintenant la route n’est plus complêtement droite, alors on se plaint que ça irait quand même plus vite sans ces virages.

On doit abandonner à contrecoeur un membre de notre petite équipée. On continue à un de moins.

km38 – 8h20: Jumeauville

On a bien regardé, on n’a pas vu de ravitaillement. Même sauvage. Juste quelques cadavres et le bus qui continue ses allers-retours. Alors on continue.

Il fait maintenant bien jour, et bien gris ! Le paysage est fantastique (comprendre: des plaines et des lignes à haute-tension). On en prend plein la vue et on profite du grand air.

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Fig. On en prend plein la vue. Un paysage fantastique.

On croise un groupe de mamies qui nous encouragent, ça fait plaisir. On commence à voir quelques signes de fatigue nerveuse. Certains ne disent plus un mot. Marie-Cu est atteinte d’une diarrhée verbale et raconte des trucs en continu.

Le rythme augmente. Maintenant qu’on est là on va au bout. On rattrape quelques frontales (éteintes, ça a quand même moins de charme je dois dire).

km42 – 9h15: Boinville

On ne l’attendait plus, mais il est là ! Un ravitaillement ! Avec du chocolat chaud en plus <3. Et un banc (grosse erreur).

Marche ou crève, on repart. Personne n’a soigné Marie-Cu, elle raconte toujours on ne sait quoi. Le stock de bounty / mars / snickers descend dangereusement.

Y’a presque plus de gilets jaunes autour de nous (ben oui les frontales sont éteintes faut un nouveau point de repère). Mais quand on en voit on trace et on les double, faut pas déconner non plus.

km47 – 10h20: Mante la Ville

Petite fausse joie, c’est presque la bonne ville mais pas tout à fait, voilà qui est très fourbe. On rentre dans Mante la Ville, puis on en ressort. Puis on y rerentre. Puis on longe un truc de cryothérapie avec coach machin qui nous propose de venir nous geler les jambes après l’arrivée pour mieux récupérer, bien bien.

km50 – 11h: Mante la JOLIE

Cette fois c’est la bonne. On y est les gars. Ou presque. Le genou de Brenda trouve qu’on était mieux dans l’avion. Marie-Cu buggue sur un panneau dans la seine qui vibre à cause des tourbillons (déformation profesionnelle cherchez pas), les autres tractent un peu tout le monde. On double encore, on est là on Y VA.

Un panneau indique l’arrivée en haut d’un escalier. On monte. Un autre panneau. Puis un autre. Virage. Un autre panneau. Longue montée. Un autre panneau. Un parc. Un autre panneau. Sortie du parc. Encore un panneau. Mais pourquoi tant de haine panneaux ?!

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Fig. Un panneau.

Et d’un coup:

km52 (selon la police, 54 selon les organisateurs): ARRIVEE.

Il est 11h30. On est cuits. On nous raconte une histoire de médaille volée je ne sais quoi. On s’assoit (grosse erreur). On a des nouvelles des autres, tout le monde va bien et est globalement en direction de son lit. On mange un peu mais plus grand chose ne passe. On a un voisin sympa qui essaie de nous nourir à coup de cookies et autres trucs chocolatés. On chourre des pommes. On trouve des toilettes qui ne sont pas en forme d’arbres. On pleure un peu en découvrant sur le GPS que la gare est à 800m de là (pourtant j’avais mesuré sur f*cking google maps). On reçoit quelques coups de fils qui font vachement de bien.

On l’a fait.

Epilogue:

TDD: Transilien – Douche – DODO.

Voilà. Avant le départ c’était un projet un peu con. Pendant la nuit c’était fun. Après l’arrivée c’était un projet franchement très con. 6 semaines plus tard c’est un bon souvenir, en fait. Peut-être bien qu’un jour on remettra ça. Peut-être même l’année prochaine pour venger ceux qui ont dû abandonner, qui sait.

On remerciera les innombrables bounty, mars, snickers, cookies (ouais on les avait pas encore mentionnés), les 12 pommes de Chloé, les tisanes au gingembre qui mettent le feu au palais, les 27 arbres du chemin, la pluie sans qui ça aurait été un peu trop facile, runtastic pour nous avoir prouvé que même si on le sentait pas on avançait un peu quand même, tous le groupe qui a suivi Marie-Cu dans ses idées les plus débiles, la pinte de Whisky que le serveur a filé à Brenda avec sa pizza de récupération, et le RTT du lendemain.

On l’a fait les gars.

Marie-Cu et Brenda, M’Oie-rcheuses

* –> Il se peut qu’une raclette ait été évoquée dans l’invitation – histoire de booster la motivation – mes plus plates excuses pour ce faux-plan.

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Une réflexion sur “Deux Oies dans la nuit

  1. Pingback: Marie-Cu, ou l’App dance | Agathe

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