Article croisé, d’Agathe à Marie-Cu, de la Serbie à Paris.
Depuis qu’elle habite en Serbie, Agathe rentre souvent seule chez elle le soir, et pas une fois on ne l’a apostrophée. Pourtant Agathe croise souvent des groupes d’hommes, ou des hommes seuls, dans des rues vides, et jamais, jamais on ne l’a emmerdée. Agathe aime bien faire des footings et elle croise souvent des groupes de mecs sur son chemin, et elle n’a plus peur maintenant parce que jamais jamais on ne l’a apostrophée, moquée ou sifflée.
On n’a jamais dit de choses obscènes dans la rue à Agathe, on ne s’est jamais moqué d’elle, elle ne s’est jamais sentie coupable de porter une jupe, bref, elle en a presque oublié sa condition de demi humain vulnérable et honteux par essence, de femme quoi.
Agathe a demandé à ses copines si pour elles c’était pareil, et oui, pareil. Aucune d’elles ne s’est jamais faite emmerder par des mâles en manque de râteaux
Marie-Cu a habité en Norvège, Marie-Cu rentrait souvent seule chez elle le soir, et pas une fois on ne l’a apostrophée. Pourtant les norvégiens ont une petite tendance à picoler, et Marie-Cu craignait souvent d’être importunée par un viking aviné.
Marie-Cu avait demandé à ses copines si pour elles c’était pareil, et oui, pareil. Aucune d’elles ne s’est jamais faite emmerder. Aucune d’elles n’a jamais du prendre de précautions en rentrant de soirée. Aucune d’elles n’a jamais du se faire ramener parce que la rue, la nuit, ça craint pour une autruche seule.
Heureusement, Agathe est rentrée à Paris quelques jours en janvier, et elle s’est rapidement faite remettre à sa place qu’elle n’aurait jamais du prétendre quitter de bout de viande à talons. On lui a touché les plumes dans le RER, et pas que les plumes, et on lui a manqué de respect. On l’a alpaguée dans la rue pour rien, « hé toi la suce mon ergot ! » puis insultée « Grosse dinde va!! », qu’elle réponde ou non. Ouf, retour à la normalité, qu’est ce que ça fait du bien de quitter ces sauvages des pays de l’Est pour retrouver notre belle civilisation !
Depuis qu’elle habite à Paris, Marie-Cu se fait apostropher. Rien de grave. Le boucher qui braille à toute la rue que sa jupe est courte. Le mec qui la suit jusqu’à ce qu’elle réponde. Le livreur qui arrête son camion à sa hauteur. Le mec qui se colle dans le train. Vide, le train. Marie-Cu’ aime bien faire des footings et elle croise souvent des groupes de mecs sur son chemin, mais maintenant elle n’y va plus seule parce qu’elle se fait systématiquement apostropher, moquer ou siffler.
Marie-Cu’ a demandé à ses copines si pour elles c’était pareil, et oui, pareil. Toutes se font constamment emmerder.

Fig1. Être une femme, dans la rue.
Mais indignons nous, bordel !!
Agathe et Marie-Cu ont grandi en France, et Agathe et Marie-Cu ont toujours cru que c’était normal de se faire emmerder dans la rue. Que partout où il y a du monde, il y a des cons, et que les croiser fait partie de la vie quotidienne, et qu’il ne faut pas prendre ces agressions pour soi, et qu’il y a plein de gens gentils par ailleurs, et tout et tout.
Or maintenant qu’Agathe et Marie-Cu ont goûté à l’étranger, elles se sont rendu compte non sans une certaine joie que les hommes ne sont pas obligés d’être des pauvres cons, du moins dans la rue.
Mesdames, ça suffit la tolérance, gardons la pour de nobles causes. Gueulons leur dessus, foutons leur une baffe, ne tolérons plus qu’on nous parle mal putain ! Il n’est pas question de se mettre en danger, mais répondons, bordel, et soutenons nous, unissons nous à un moment ! Agathe a testé, Agathe s’est toujours sentie mal après, mais moins qu’en gardant le bec fermé et regardant le bitume …
Et messieurs, c’est votre combat aussi ! Il va aussi en falloir beaucoup de votre part pour faire barrage à la connerie de vos tristes ambassadeurs.
Bisous
Agathe et Marie-Cu, Femmes.
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